Barack Obama vient de connaître sa dernière épreuve électorale. Les démocrates ont finalement perdu le contrôle du Sénat lors des élections législatives de mi-mandat, mardi. Privé de sa majorité à la chambre haute, le président risque de voir sa capacité d'initiative paralysée pour les deux dernières années de son mandat, du moins sur la scène intérieure. En politique étrangère, il peut encore agir.

Le cycle présidentiel de la politique américaine est bien connu. Un président réélu pour un second mandat est immédiatement vu par la classe politique comme un «canard boiteux» et déjà on s'active pour lui succéder. Et si, en plus, son parti perd la majorité dans les deux chambres du Congrès comme c'est maintenant le cas avec Barack Obama, il est alors déclaré mort et enterré.

En leur temps, à cette étape de leur présidence, Ronald Reagan, Bill Clinton et George W. Bush, ont lu leur nécrologie dans les journaux après la défaite de leur parti. C'était un peu tôt. Les uns comme les autres ont été très actifs sur la scène internationale.

En deux ans, Reagan a relancé la détente avec l'Union soviétique en signant avec Gorbatchev un important traité sur l'élimination de missiles nucléaires en Europe et en jetant les bases d'un dialogue politique dont l'intensité a certainement accéléré la fin de l'ère communiste. Bill Clinton a engagé l'OTAN dans une opération militaire contre la Serbie afin de protéger le Kosovo et tracé les contours d'un accord de paix israélo-palestinien qui sert toujours de base de discussions aux actuels protagonistes. George W. Bush a mobilisé des dizaines de milliards de dollars pour lutter contre le sida, la malaria et la tuberculose, principalement en Afrique et avec l'aide du chanteur Bono, un de ses pires critiques.

Barack Obama a aussi la possibilité de marquer sa présidence grâce à des initiatives sur la scène internationale. Dans quelques jours, Américains, Russes, Européens et Iraniens se rencontrent pour finaliser un accord devant permettre la neutralisation du programme nucléaire militaire iranien. Une proposition russe vient d'être soumise aux parties. Elle a été jugée très encourageante et constructive. Un accord avec l'Iran ouvrirait une nouvelle page des relations entre les États-Unis et cette partie du monde.

Le président peut aussi relancer les négociations israélo-palestiniennes, même s'il semble avoir perdu la confiance et d'Israël et de la Palestine dans ce dossier. Les deux parties ont en main le plan Clinton. Veulent-elles vraiment attendre une nouvelle administration, en janvier 2017, alors que la situation dans le reste du Proche-Orient mobilise toute l'énergie des Américains?

Sur le front commercial, enfin, Obama a deux ans pour faire aboutir les négociations entre l'Europe et les États-Unis sur une entente qui créera la plus vaste zone de libre-échange du monde. Cette entente s'ajoutera à l'accord Canada-Europe signée plus tôt cette année et permettra par la même occasion au bloc Amérique du Nord/Europe de concentrer le tiers des échanges internationaux et la moitié du PIB mondial.

Sur ces trois dossiers, le président devra affronter un nouveau Congrès très hostile aux deux premiers. En même temps, Obama peut jouer des divisions au sein des républicains et de l'humeur de l'opinion publique pour obtenir des appuis majoritaires. Plusieurs sénateurs républicains, dont l'influent Rand Paul, et une partie de l'opinion sont tout simplement écoeurés par les désastres militaires de la politique étrangère américaine depuis 2001 et exigent un recentrage sur les problèmes de la nation. Les républicains ont tout intérêt à rester à l'écoute, sinon la victoire de mardi pourrait se transformer en déroute lors de la présidentielle de novembre 2016.

Les élections de mi-mandat étant maintenant derrière lui, Obama est devenu un homme libre. Il est encore en mesure d'écrire l'histoire de son passage à la présidence.

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